L’Apardap organisait ce vendredi 26 janvier une cérémonie de parrainages républicains à la Mairie de Grenoble. Une union symbolique qui est la spécificité de l’association. L’objectif : des citoyens français engagés qui accompagnent et soutiennent des demandeurs d’asile.
« C’est une bataille contre les préjugés, la haine, la violence administrative mais aussi parfois la violence de certaines forces policières ». Les mots de Patricia L’écolier, co-présidente de l’Apardap (Association de parrainage républicain des demandeurs d’asile et de protection), révèlent les difficultés auxquelles doivent faire face les demandeurs d’asile dans l’hexagone. Le salon d’honneur de la Mairie de Grenoble est comble. Nombreux sont ceux qui ont fait le déplacement pour cet événement solennel : une cérémonie parrainages républicains, organisée par l’Apardap. Cinquante au total seront célébrés durant la soirée.
« Un engagement réciproque et symbolique, devant les élus de la république », définit la co-présidente aux parrains, marraines, et filleuls présents dans l’assemblée, « et qui donne à votre acte et à votre signature une force inestimable : celle de l’évidence, de la légitimité de notre combat à toutes et tous ici réunis ». Pas de valeur juridique donc, mais une symbolique forte : celle de la solidarité. C’est sur ce terrain-là qu’opère l’Adaparp au quotidien : aide des demandeurs d’asile dans l’obtention du statut de réfugié ou d’un titre de séjour, lutte contre l’isolement et les préjugés, sensibilisation de l’opinion publique…
Accompagnement et soutien
Ousmane, étudiant guinéen en Master 1 à l’université de Grenoble, est le premier parrainé de la soirée. Au fond de la salle, sept élus assis à des tables reçoivent les parrains et filleuls afin de signer leurs cartes de parrainages. Certains parrains et marraines sont engagés depuis plusieurs années. Comme Marie-Claire, qui ne « connaissait pourtant rien aux problèmes des migrants il y a cinq ans ». C’est sa rencontre avec Yvès qui a décidé cette jeune retraitée à faire son 7ème parrainage ce 26 janvier. « J’ai rencontré ce jeune homme camerounais la semaine passée par l’intermédiaire d’un autre de mes filleuls », explique-t-elle. « Il est dans une situation très difficile. » Le jeune homme de 27 ans est en effet un « dubliné » : un migrant qui, en vertu du règlement de Dublin, doit faire sa demande d’asile dans le premier pays par lequel il est entré en Europe et dans lequel il a déposé ses empreintes. Le 22 janvier dernier, Yvès a reçu un avis de la préfecture qui lui stipule d’être reconduit à la frontière italienne : pays par lequel il est arrivé par la mer. « Je pense qu’il a très peu de chance de rester en France ». La jeune retraitée est sceptique mais conserve une part d’espoir.
Son rôle de marraine à présent : l’aider à retarder son expulsion et ainsi « entamer une réflexion sur ce que peut être son avenir ».
Lutter contre l’isolement
Yvès est arrivé il y a quatre mois à Grenoble. C’est Marie-Claire, celle qu’il appelle affectueusement « maman », qui lui a fait découvrir l’Apardap. Pour lui, le parrainage républicain est une procédure encore floue, même s’il concède timidement que « cela pourra changer beaucoup ». Il dort actuellement dans des squats. Une situation très précaire, comme beaucoup de demandeurs d’asile sur le territoire. L’objectif du parrainage c’est qu’il « ne soit pas isolé », indique la marraine, « c’est à dire essayer de le sortir de cet anonymat mais aussi lui apporter de la chaleur, le faire rentrer dans une famille ». Un appui également pour qu’il puisse « décoder notre société et ainsi mieux s’adapter ». Un rôle qui dépend aussi de la disponibilité de chacun. « Il y a des parrains et marraines qui ont la chance d’avoir une grande maison et qui peuvent donc loger », affirme Marie-Claire. « Chacun fait en fonction de ce qu’il est capable de donner. La base : rassurer la personne et l’accompagner dans sa vie de tous les jours. »
Un parrainage qui permet également d’ouvrir certaines portes, comme la possibilité d’accéder avec les migrants dans les locaux de la préfecture, aux urgences. « Un lien symbolique qui simplifie les relations avec les interlocuteurs extérieurs et les institutions », définit la jeune retraitée.
Depuis la création du parrainage républicain en 2008, l’Apardap en a célébré plus de 1 400 : autant de liens crées entre des citoyens français et d’ailleurs.
Céline Legay