Et pourtant les Arturo Ui de 2018 prolifèrent : en Europe en Hongrie avec Orban, en Italie avec Salviani, en Amérique du Nord avec Trump, et maintenant au Brésil avec l’élection à 56 % des suffrages du candidat d’extrême droite Jair Bolsonaro portant un projet ouvertement fascisant. On oppose souvent le jeu démocratique en oubliant la manipulation de masse qui peut le fausser : Hitler accéda ainsi « démocratiquement » au pouvoir en 1933… On sait l’horreur et la barbarie qui s’ensuivirent. Aurait-on pu résister à cette ascension ? La montée de l’extrême droite dans le monde d’aujourd’hui est-elle inexorable avec un de ses aspects majeurs : la xénophobie et son corollaire : les politiques anti migrants, le repli identitaire, l’idéologie véhiculée par les réseaux sociaux et les fake news, celles d’une submersion africaine qui nous menacerait avec les théories du grand remplacement. Contrer l’irrationnel des discours anti migrants par des discours rationnels, des courbes, des évidences scientifiques peut paraitre à la fois indispensable et vain tant la rationalité ne semble pas avoir d’impact sur la sensibilisation de l’opinion.
Alors ne pas se contenter des discours et des arguments mais résister en actes : surtout ne pas céder à la désespérance, opposer la solidarité au rejet, l’hospitalité à l’exclusion, la bienveillance à la maltraitance .Accueillir toujours ; aujourd’hui savoir savourer de petites victoires : depuis l’été dernier, la fraternité est vraiment reconnue comme principe constitutionnel grâce au combat de Cédric Herrou et des militants de Roya citoyenne : le « délit de solidarité » ne peut plus être invoqué lorsqu’il s’agit de mettre en œuvre la protection de la dignité humaine, quelques tribunaux administratifs (Pau, Melun) commencent à annuler les transferts des personnes sous procédure Dublin vers l’Italie en argumentant que la politique anti migrants d’Italie ne garantit pas des conditions d’accueil effectives et de possibilités réelles de demande d’asile . Le militant qui avait conduit une migrante jusqu’à la maternité de Briançon s’est vu récemment reconnaitre par le tribunal « l’immunité humanitaire » et les poursuites ont été abandonnées. A notre échelle, partout sur le territoire de l’Isère, se multiplient les collectifs de citoyens solidaires des migrants : Trièves, Matheysine, Grésivaudan, Vercors, Chartreuse, Charavines, Tullins, Bas Dauphiné, Saint Marcellin, que l’Apardap soutient et qui nous soutiennent en retour. Les parrainages aussi, qui depuis janvier 2018 se concrétisent tous les deux mois à travers des cérémonies de parrainage républicain dans l’agglomération mais aussi dans les territoires : Grenoble, Fontaine, Chichilianne, Chirens, Saint Martin d’Hères.
Oui, à travers la solidarité citoyenne, nous affirmons haut et fort au quotidien qu’un autre monde est possible.
Patricia l’Ecolier
Co-présidente de l’APARDAP