« Bonjour, je m’appelle Pierre. Comment t’appelles-tu ? »
C’est avec ces phrases rituelles que nous démarrons le cours de français du jeudi matin. Elles font le tour de la petite dizaine d’étudiants réunis à la Maison des Accueillis. Chacun répond et interroge sa voisine ou son voisin. Ce premier échange a été inspiré par l’excellent livre de Marie-France Etchegoin (J’apprends le français).
L’apprentissage du français a démarré il y a plusieurs années à l’APARDAP sous l’impulsion de Paul Lamy. Progressivement d’autres bénévoles sont venus en renfort et nous avons pu développer une offre de formation modeste mais croissante face à un besoin qui est immense.
En effet, comment imaginer que nos accueillis aient une chance de s’intégrer dans notre pays s’ils ne maitrisent pas suffisamment notre langue à l’oral comme à l’écrit ?
Aujourd’hui l’APARDAP propose des cours collectifs, des ateliers numériques et quelques cours individuels.
Il y a 6 cours collectifs hebdomadaires et animés chacun par un binôme de bénévoles :
- 2 en alphabétisation
- 2 en français intermédiaire et avancé
- 2 en français langue étrangère pour les non francophones
Parallèlement nous utilisons 2 jours par semaine le cyberespace de la Maison des Associations pour proposer un apprentissage individuel du français sur ordinateur. Il faut noter à ce sujet le renfort précieux des intervenants de Orange Solidarité qui sont aux côtés de nos bénévoles.
Pour faire des cours de français, il faut des bénévoles et nous n’en manquons pas car il y en a une vingtaine à ce jour et de nouveaux bénévoles se présentent régulièrement. Mais il faut aussi des salles et nous avons pu passer de 4 à 6 cours cette année grâce à la Maison des Accueillis au 8 rue Pierre Duclot.
Cet effort pourra être poursuivi si nous trouvons d’autres lieux d’accueil.
L’art d’enseigner à des enfants s’appelle la pédagogie. Celui d’enseigner à des adultes s’appelle l’andragogie et il nécessite de la constance et une bonne adaptabilité car nos étudiants sont des adultes issus d’autres cultures et confrontés à une grande précarité.
Pour tous ceux qui viennent des pays francophones, l’apprentissage du français peut s’appuyer sur une base plus ou moins développée. La difficulté maximale est pour les accueillis qui n’ont jamais été scolarisés. L’apprentissage de la langue écrite est pour eux un véritable défi avec trois compétences totalement nouvelles à acquérir : savoir écrire, savoir lire et être capable de comprendre ce qu’ils lisent.
Dans tous les cas, la pratique régulière est l’élément clé. C’est la raison pour laquelle chacun peut aider un accueilli à apprendre la langue française quand il lui propose une activité (promenade, randonnée en montagne, visite de musée, cinéma, spectacle, conférence, sport, bénévolat…)
Alors, même si chacun d’entre nous ne donne pas des cours devant un tableau, apprenons-leur tous le français !
Pierre Michaud